Diapason | N° 659 Juillet-Août 2017 | Jean-Michel Molkhou | July 1, 2017
C'est par ce sixième volume, intégralement consacré à Haydn, qu'Audite clôt sa prodigieuse série dédiée aux enregistrements du Quatuor AmadeusMehr lesen
C'est par ce sixième volume, intégralement consacré à Haydn, qu'Audite clôt sa prodigieuse série dédiée aux enregistrements du Quatuor Amadeus réalisés pour la RIAS entre 1950 et 1969. Inédites au disque, ces bandes ont enrichi de façon considérable la discographie du légendaire ensemble (cf. nOS 618, 622, 626, 631 et 654). Elles nous sont d'autant plus précieuses qu'on y découvre trois quatuors (Opus 9 nO 3, Opus 20 nO 5, Opus 33 nO 2) dont ils n'ont pas laissé de trace officielle au disque.
Bien que, dans ces témoignages de jeunesse (1951-1952), leur expression n'ait pas encore atteint son plein épanouissement, on y reconnaît déjà (presque) tout ce qui fera la légende des Amadeus : le vibrato de Brainin, leur science de l'agencement des voix et leur volupté instinctive à faire chanter les lignes, tout comme ce zeste d'impatience qui donne une formidable impulsion à leurs archets (finale de l'Opus 74 nO 1). Ces enregistrements ne présentent pas encore la touche d'abandon et la liberté si caractéristiques de leur maturité, mais déjà une poésie divinement organisée et une suprême justesse de goût. Comparaison et confirmation dans les deux versions (1950/1969) du miraculeux Adagio de l'Opus 54 nO 2, qui permettent de mesurer le chemin parcouru. En suivant le fil de ces interprétations, on réalise que l'évolution expressive fut rapide car dès le milieu des années 1950 (Opus 64 nO 3) on reconnaît la grâce, les touches de fantaisie (Menuetto) comme cette irrésistible façon de livrer leur émotion (Adagio) qui feront leur gloire. Plus on avance dans le temps plus leur signature devient claire (Opus 64 nO 4), par les timbres,les vibratos, la vocalité (Adagio) ou la manière de faire respirer les barres de mesure. Ecoutez notamment leur magistrale lecture de l'Opus 77, dans lesquels ils traduisent si clairement la transition entre les langages du XVIIIe et du XIXe siècles (le finale de l'Opus 77 nO 2 est époustouflant). C'est avec les Sept Paroles, dans une vision empreinte de grandeur et de solennité, captée deux ans après leur première gravure officielle pour Westminster, que se conclut cet envoûtant périple en nous laissant un sentiment d'éternité.
C'est par ce sixième volume, intégralement consacré à Haydn, qu'Audite clôt sa prodigieuse série dédiée aux enregistrements du Quatuor Amadeus